Séquence nostalgie. Durant le mois d’août, Lancia France vous propose une série d’anecdotes en trois épisodes. Deuxième partie : l’Aprilia.
L’histoire pourrait commencer comme un conte d’ingénieurs. Nous sommes en 1937. L’automobile est encore un objet bruyant, anguleux, souvent taillé à la serpe. Mais chez Lancia, on réfléchit autrement. On parle de silence, d’efficience, de fluidité. Et surtout d’avant-garde.
La dernière création de la marque s’appelle Aprilia. Ce nom résonne aujourd’hui comme celui d’un village italien, mais en 1937, c’est un manifeste. Une berline compacte, sans montants fixes entre les portes, avec des lignes étonnamment douces, tendues vers l’arrière comme si la voiture voulait filer sans bruit.
Et justement, elle file. Car l’Aprilia ne ressemble à rien de ce qui roule à l’époque. En réalité, c’est l’une des toutes premières automobiles conçues avec un souci empirique de l’aérodynamisme. Pas de CFD, pas de soufflerie, mais des essais grandeur nature, des maquettes en bois, des intuitions brillantes — et un CX de 0,47, soit bien mieux que nombre de berlines des années 1970. Une véritable révolution de forme… mais aussi de fond.
Sous son capot, un petit moteur V4 ultracompact, à la distribution poussée. Et pour la faire tenir sur la route, Lancia invente un nouveau train arrière, une caisse autoporteuse légère et rigide, et une géométrie de suspension innovante. L’ingénierie est à la fête, mais toujours au service d’un raffinement discret. Le confort, la finition, le silence à bord : tout est pensé dans les moindres détails.
Ce n’est pas un hasard si Ferdinand Porsche s’est inspiré de cette ligne en dessinant la Coccinelle. C’est aussi celle qui ouvra la voie à de nombreux designers d’après-guerre — vers la Saab 92 et la Citroën DS.
Saviez-vous que certaines Lancia avait été autrefois fabriquées en France ?
Comme la Belna qui l’avait précédée, l’Aprilia fut assemblée à Bonneuil-sur-Marne, près de Paris, dans une version destinée au marché local : la Lancia Ardennes. Son nom rend hommage à la région frontalière entre la France et la Belgique, évoquant à la fois l’élégance et la robustesse. Identique à sa sœur italienne, elle se distinguait uniquement par ses phares avant légèrement agrandis, adaptés aux ampoules jaunes en vigueur à l’époque. Produite à 1 620 exemplaires jusqu’en 1939, l’Ardennes reste un joli témoignage du savoir-faire Lancia hors d’Italie — une berline raffinée, fiable et pionnière dans son approche européenne bien avant l’heure.
Mais l’Aprilia, c’est plus qu’un jalon technique. C’est une déclaration d’intention : Lancia ne sera jamais une marque qui suit la tendance. Elle la précède. Par intuition, par exigence, par élégance.
Une sorte d’élitisme discret, qui fait de l’innovation une forme de culture
Aujourd’hui encore, cette philosophie irrigue la renaissance de Lancia. À l’heure où l’efficience est redevenue centrale — en particulier dans l’univers électrique — l’Aprilia rappelle qu’on peut concilier aérodynamisme, élégance et confort. Sans compromis. Ni bruit