A l’époque (*), la Clio deuxième du nom, était la sage citadine de papa-maman et leur petite famille, quand, chez Renault, une poignée de fondus a eu l’idée de lui faire subir un stage de bodybuilding. Histoire de se remonter le moral après l’arrêt de la R5 Turbo. Esthétiquement tout d’abord, les ailes, les portières, la malle arrière ont été gonflées aux amphétamines pour laisser entrer l’air nécessaire au refroidissement du moteur et caser les jantes de 18 pouces chaussées de 245/40 à l’arrière. Car la banquette, tant pis pour les mômes, a cédé sa place à un compartiment capable d’accueillir un bloc V6 de 24 soupapes développant 230 puis 255 chevaux pour la seconde version après un passage entre les mains des motoristes de Porsche. Et c’est de cette dernière dont « Soupapes » se souvient. On nous l’avait présentée comme exclusive… le qualificatif « radicale » semble mieux lui convenir.
Une propulsion sans ESP
Pendre place à bord c’est avant-tout découvrir un intérieur plus « confort » que « sport ». Les sièges sont enveloppants mais sans plus et le poste de conduite est des plus classiques. Mais c’est au démarrage qu’on devine le potentiel. Le V6 s’ébroue, rauque. Sans doute impatient de monter dans les tours pour propulser les 1400 kg de la voiture vers les sommets. Capable du 0 à 100 km/h en 5,8 secondes, du « 1000 mètres » départ arrêté en 25 secondes ; et d’un maxi limité à 245 km/h. Pas mal non ? Lors d’un essai sur le circuit du Val de Vienne au Vigeant, la bête a révélé son caractère entier et suscité une bonne montée… d’adrénaline. 255 chevaux qui poussent aux fesses sans ESP pour corriger la trajectoire nécessitent un certain doigté pour éviter d’aller « jardiner » en sortie de virage. Au Vigeant, les tours de circuit se sont succédé, la confiance est vite venue, trop vite parfois. Mais le plaisir de conduire une vraie sportive était au rendez-vous. C’était l’essentiel.
Un moment rare, autant que l’ont été les 1300 exemplaires de cette version.
Alain Vouhé
Clio V6 3 litres de 24 soupapes, 255 chevaux, 300 Nm de couple à 4650 tr/minute, conso moyenne 11,9 litres/100 km (voire beaucoup plus!!). Tarif de l’époque : environ 39000 euros.
(*) Une version Trophy a d’abord vu le jour en 1999 en remplacement de la Coupe Spider.