A chaque époque, il y eut et il y aura des hommes bien inspirés. Pierre-Paul Riquet, intendant des gabelles (des impôts de l’époque) sous Louis XIV en fut un. Il eut l’idée de relier la Méditerranée à l’Atlantique via Toulouse par un canal. Avec l’accord royal et l’appui non moins efficace de Colbert, Riquet lança le chantier en 1666. 15 ans plus tard l’ouvrage fut mis en eau et, grâce aux 91 écluses qui jalonnent ses 240 km, les bateaux marchands transportant vin et céréales reliaient Toulouse à Sète et inversement.
Passer les écluses de Fonserane
Aujourd’hui, sur le Canal du Midi, la batellerie marchande a cédé peu à peu la place au tourisme fluvial, malgré quelques belles initiatives visant à faire revivre ce genre de transport.
Une petite semaine de navigation de Homps, au sud de Carcassonne, à l’écluse ronde d’Agde avant un retour au port de départ, a permis de découvrir l’immense travail accompli par des hommes dont les seuls outils n’étaient souvent que pelles et pioches.
Un travail désormais classé par l’Unesco au patrimoine mondial de l’Humanité. Rien de moins. Chaque écluse, à l’image de celles de Fonseranes, chaque pont et pont-canal, chaque déversoir qui s’offrent au regard des plaisanciers est un monument d’architecture. Et la vitesse limitée à 8 km/h permet d’en apprécier la construction ainsi que la richesse de la nature environnante.
Vivre au ralenti, à l’écoute de la nature
Certes, le Canal vit aujourd’hui une mue obligée. Les platanes centenaires qui le bordent, victimes d’un champignon, sont un à un abattus et remplacés par d’autres essences encore trop récemment plantées pour offrir le même couvert qu’il y a quelques temps. Mais la faune s’adapte et le chant des oiseaux résonne toujours sous les frondaisons.
Naviguer au fil du Canal revient à vivre au ralenti. Le stress est resté à quai ; les journées sont paisibles et donnent, à l’occasion d’une escale pour se ravitailler, l’opportunité de découvrir des petits villages de caractère, des endroits insolites ou encore une table sympa. Et de se dire qu’il n’est pas forcément nécessaire de parcourir des milliers de kilomètres pour trouver la sérénité.
Alain Vouhé
Ndlr : Piloter un bateau de croisière sur le Canal du Midi se fait sans permis. Les loueurs (ils sont nombreux dans chaque port ) assurent la prise en main qui n’est pas compliquée. Il est important de prendre en compte les horaires d’ouverture et de fermeture des écluses. En général de 9h à 12h et de 13h à 19h. Les écluses de Fonseranes, près de Béziers, ont la particularité de fonctionner de manière montante puis descendante selon des tranches horaires bien précises. Mieux vaut se renseigner auprès des loueurs. Il est aussi plus prudent de privilégier les périodes hors vacances d’été, car selon les éclusiers « ça bouchonne pas mal ».