L’année 2020 a été compliquée pour les professionnels de la vente de véhicules neufs. En métropole mais aussi sur de très nombreux marchés. Comme celui de Polynésie française, Tahiti notamment, l’île principale, que nous avons pu observer lors d’un récent voyage.
Ce qui peut étonner à Papeete, c’est le trafic automobile très important, et parmi celui-ci, le nombre de voitures chinoises qui circulent, et notamment le nombre de marques représentées, Sodiva, Tahiti Automobiles, Nippon Automoto-CIA et Miklus) ont enregistré une chute de 25 % des immatriculations. 2021 s’avère bien plus optimiste grâce à la rémission de la crise sanitaire – qui a mis à mal l’économie du fenua (NDLR : le territoire) – la réouverture des concessions et la reconduction de la prime aux voitures propres.
La chute ne semble pas flagrante. Pourtant la différence est bien réelle : de 7 600 voitures vendues en 2019, seulement 5 700 véhicules ont été vendus en 2020. Tous les importateurs rencontrant également des difficultés en matière d’approvisionnement.
900 emplois directs
Sans l’aide du Pays, il est clair qu’il aurait été difficile de tenir. La prime pour les véhicules propres a été allouée au début de la crise sanitaire, et le secteur en a bien profité. Cela a dû apporter 500 à 600 ventes supplémentaires en 2020, ce qui n’est pas négligeable. Le secteur a surtout réussi à ne pas licencier. La sauvegarde de l’emploi, qui représente environ 900 personnes (voire beaucoup plus si on considère les emplois indirects), va permettre au secteur de rebondir à la sortie de cette crise.
Au prix de la réduction des investissements et de la communication. Ces deux postes ont été les premiers à être limités, puis les charges d’entretien ou de maintenance.
Sur le marché automobile tahitien, on peut constater trois grosses familles de véhicules : les petites berlines, les SUV compacts et les pick-up. Les pourcentages de segments n’ont pas tellement évolué. Pour autant, certaines tendances concernant les comportements d’achat ont été observés : les véhicules hybrides, lors de leur apparition sur le marché, il y a trois ans déjà, ont connu une progression assez rapide. Aujourd’hui, les ventes sont plutôt stabilisées, aux alentours de 8 % à 9 % du marché.
14 % du marché automobile
Les véhicules chinois aussi ont enregistré un démarrage assez fort. Situation étonnante comparée à celle connue en métropole, le nombre de marques commercialisées sur le fenua… Tous les groupes possèdent aujourd’hui une ou plusieurs marques. Des marques qui représentent près de 14% du marché global ! Un fort engouement qui se poursuit pour les véhicules de marques chinoises.
Chaque groupe a sa stratégie, considérant que l’automobile chinoise est peut-être celle du futur. Quand on constate le développement de l’industrie automobile en Chine, et notamment la fabrication de véhicules électriques, il y a matière à penser que c’est un marché d’avenir. Les progrès des Chinois sur la qualité des véhicules sont une réalité, même si il reste encore beaucoup à faire sur la qualité de finitions et les matériaux. Mais bien mieux que sur les premiers véhicules chinois importés à Tahiti, il y a plus de dix ans, qui ont donné une mauvaise image, et laissé un mauvais souvenir. Désormais, les véhicules répondent pratiquement aux normes internationales, avec des rapports qualité/prix très performants. Les véhicules chinois se sont insérés dans le paysage polynésien.
Bon rapport qualité-prix
Une question néanmoins : « proposer des véhicules chinois, n’est-ce pas le risque de cannibaliser le reste de son offre commerciale ? »
Une responsable de la concession DFM -SODIVA de Tahiti affirme que non :
“C’est justement la question du rapport qualité/prix qui rentre en jeu. À prix équivalent, il est clair qu’un véhicule chinois va proposer un équipement beaucoup plus riche qu’un véhicule européen ou américain. Il y a une certaine clientèle qui est favorable à ce type d’approche commerciale. La présence de modèles chinois dans un portefeuille de marques permet de répondre de manière plus précise à tous types de demandes ou de besoins. Le service après-vente des véhicules chinois est assuré de la même manière que les autres SAV“.
Reste la congestion du réseau routier tahitien qui pourrait représenter un frein à l’achat de véhicules. Avec une circulation dense, la multiplication des accidents, la limitation de la vente de nouveaux véhicules, le marché pourrait se tendre un peu. Un autre effet sur les ventes de véhicules à Tahiti. Mais une voiture est aussi un moyen de transport, de liberté, de travail indispensable.
François Vincent
J’ai roulé « chinois » à Tahiti
Une expérience qui ne me laissera pas de souvenirs impérissables !
Au volant de cette mini citadine F0 de la marque BYD (prononcer bi-aie-di… et non bide…), l’équivalent en dimension d’une Peugeot 107, rien de passionnant. Son habitabilité est faible mais capable de contenir 4 personnes. Le moteur de 950 cm3 s’avère un peu poussif, la voiture s’avère bruyante et dotée d’un confort moyen. Mais bon , pour une utilisation urbaine, sur des parcours limités, elle est pratique. Le plus décevant s’avère être le niveau des finitions et ses plastiques de piètre qualité.
Pour autant, au prix où ce modèle est commercialisé, il n’y a pas grand chose à lui reprocher. Elle possède quelques équipements utiles, elle freine, elle tourne et elle nous amène sans trop de soucis à moindre frais.
Quelques modèles fabriqués par les marques BYD, CHANGAN, ROYAL AUTOMOBILES, GREAT WALL, DFM… que nous avons croisé sur les routes tahitiennes, entre SUV, tel le W40 Besturn de RAW, ou le… X5 de DFM équipé d’un moteur 1.6 l Mitsubishi de 145 ch, (vendu 3 690 000 xpf (francs polynésiens), soit environ 31 000 € en version luxe), ou encore la mini citadine 100% électrique DFM Aeolus (vendue 2 490 000 francs polynésiens, soit environ 21 000 €), en passant par les gros 4×4 simple ou double cabine qui pullulent mais aussi polluent l’île. A quand sur nos routes ?
F.V.