L’info était dans les tuyaux depuis quelques temps. « 40 millions d’automobilistes » la remet au (mauvais?) goût du jour. Le Gouvernement avait en effet annoncé il y a quelques années que les panneaux signalant la présence de radars au bord des routes avaient vocation à disparaître pour obliger les automobilistes à tenir le pied levé le plus longtemps possible. But de cette pieuse (?) manœuvre : faire encore baisser le nombre de tués sur les routes. La suite prouve que non !Mais la décision semble prise.
De fait, dans certains départements, de nouveaux panneaux signalant la présence de radars sur des tronçons de plusieurs kilomètres ont fait leur apparition. Avec, très souvent, une absence constatée de ces appareils (de type radar de chantier). Un leurre en somme, qui ne trompe que les automobilistes de passage, pas les habitués qui profitent de l’occasion pour s’affranchir des limites imposées. Ce qui, de fait, revient à provoquer une situation accidentogène.
Un rapport de la Cour des Comptes accablant
Pour l’association « 40 millions d’automobilistes » l’affaire se corse. Selon elle, la pompe à fric de l’Etat, qui fonctionne déjà à fond, mettrait le turbo en remplaçant les panneaux bien connus pour d’autres, plus évasifs qui indiqueraient qu’il existe une probabilité de croiser un appareil sur une distance de plusieurs (dizaines de) kilomètres. En clair, un piège de plus. C’est la dernière fourberie en date de la Sécurité routière, selon l’Association, qui rappelle à juste titre que la multiplication des radars de toutes sortes « rame » depuis près de dix ans et ne permet plus « aucune amélioration de la sécurité des usagers de la route ». Et de rajouter : « À l’issue d’une série d’auditions menées par la Cour des Comptes, durant lesquelles l’Association avait été longuement entendue, est paru un rapport des Sages, qui confirme tout ce que « 40 millions d’automobilistes » martèle depuis des années : les radars ont atteint leurs limites et ne parviennent plus à faire fléchir la courbe de la mortalité routière, qui n’a pas baissé depuis 2013. (1) ».
700 millions d’euros en 2022 : du bon boulot pour nourrir l’Etat !
Plus intéressant encore, cette même Association précise que les radars ne verbalisent quasiment que des micro-dépassements de vitesse souvent involontaires (58% de moins de 5 km/h (*) et plus de 90% de moins de 20 km/h, données du ministère de l’Intérieur).
Bref, les radars disposés au bord de nos routes sont aussi et surtout de belles pompes à fric (2) mais ça, on le savait déjà! qui rapportent beaucoup d’argent à l’Etat, qui au passage ne dépense pas un sou dans l’entretien des routes qu’il a rétrocédées aux collectivités. « 40 millions d’automobilistes » croit savoir que pour 2022, le Gouvernement a budgété les recettes des amendes générées par les radars à hauteur de 714 millions d’euros.
Bah oui, quand même. Y’à de quoi aider les collectivités à rénover des routes en piteux état (la France se distingue dans le mauvais sens par rapport à ses voisins après avoir tenu le haut du « pavé »). Ou à jouer un peu plus sur la taxation des produits pétroliers. Non ?
Alain Vouhé
(1) 3 200 morts chaque année en moyenne. Sauf en 2020 (2 550) confinement oblige.
(2) 72,4% des automobiliste estiment désormais que les radars sont des « pompes à fric » (enquête IFSTTAR-CEREMA).
(*) Affaire à suivre car le Gouvernement envisage enfin de revoir sa copie à ce sujet.