Avec ses A480, Alpine fait partie des engagés aux 24 Heures du Mans. L’épreuve reine de l’endurance, rendez-vous mythique pour les aficionados, démarre cet après-midi. Mais au fait, on ne connaît souvent que les pilotes et le style de leur voiture. Mais à l’intérieur c’est comment ? Un baquet, un volant et des palettes pour commander le passage des vitesses ? Pas si simple. Même si, par magie, vous arriviez à tromper la vigilance de l’équipe Alpine et à vous glisser subrepticement dans le cockpit d’une A480, vous ne seriez guère avancé. Tout simplement parce que la complexité de cet habitacle est digne d’un avion de chasse! Il est bardé de boutons, de voyants, d’écrans et d’interrupteurs dont la signification échappe au premier venu. Sans compter tous les boutons qui se trouvent sur le volant. « L’habitacle de l’A480, c’est un peu comme notre bureau. « Nous y passons plusieurs heures pendant les week-ends de course. »
C’est Nicolas Lapierre, un des trois pilotes de l’Alpine Elf Endurance Team (avec André Negrao et Matthieu Vaxiviere) qui le dit et invite à découvrir cet univers un peu particulier.
Si le volant regroupe les boutons et molettes utilisés à chaque tour, les pilotes disposent de bien plus de commandes à leur service. Ainsi, à droite du volant, apparaît un premier panneau avec plus d’une vingtaine de boutons de couleurs différentes : « Ils permettent d’actionner un ventilateur, de changer la luminosité de l’écran, le genre de détails qui peuvent avoir leur importance dans certaines conditions. Par exemple à la tombée de la nuit pour ce qui concerne la luminosité. »
Pas de clim, mais une pipette pour se désaltérer
En conditions de course, un autre panneau s’ajoute encore, un peu plus à droite. Il s’agit d’une sorte de tableau d’affichage électronique activé par la direction de course. Une interface de première importance pour les pilotes : « la voiture est équipée d’un GPS et elle reçoit des alarmes de la direction de course en fonction de sa position sur la piste, rappelle Nicolas Lapierre. Par exemple, s’il y a un drapeau jaune aux virages 1 et 2, notre écran s’affichera en jaune dans l’habitacle. Cela s’ajoute à la signalisation des commissaires en bord de piste et va dans le sens de la sécurité. »
Vous aurez beau tester tous les boutons les uns après les autres, impossible d’actionner la climatisation. Et pour cause : il n’y en a pas ! A défaut, les pilotes peuvent embarquer avec eux une gourde de boisson fraîche : « Elle est reliée à une pipette qui arrive dans le casque et qui nous permet de nous hydrater. C’est vrai que parfois, nous restons plus de trois heures dans la voiture. Il peut faire vite très chaud (plus de 40° à bord ), et la météo prévoit pas loin de 30° extérieur au Mans ce week-end. L’habitacle est petit, il y a très peu d’air et pas de climatisation ! La boisson chauffe assez vite, mais nous sommes tout de même contents de l’avoir et de pouvoir nous hydrater ! ». Il leur faut pour cela actionner un petit bouton sur le volant. Pas de risque de se tromper : le pictogramme affiche une pinte de bière !
A chaque pilote son baquet
Autre élément dédié au confort des pilotes (et donc à leur performance) : leur siège. Nicolas Lapierre explique : « Nous avons la chance de disposer d’un baquet moulé sur notre dos qui nous permet quand même d’être installés assez confortablement malgré un environnement très petit. Etant donné le temps que nous passons dans la voiture, c’est important. »
Cet insert sur mesure est installé par le pilote lorsqu’il prend place dans l’habitacle. Il se trouve alors à bonne distance pour actionner les pédales. L’embrayage se trouvant au volant, il n’y a que deux pédales : l’accélérateur à droite, le frein à gauche. Jusque-là, une configuration très classique, conforme à la voiture automatique de monsieur Tout-le-Monde. L’usage que font les pilotes de course de ce pédalier est toutefois un peu moins classique : « Aujourd’hui, je dirais que 90 % des pilotes freinent avec le pied gauche. Moi, c’est un peu différent. Je suis encore de la vielle école ! Je freine du pied droit, la plupart du temps. Une vieille habitude… ». Voilà, vous savez presque tout, et quand vous les verrez foncer sur la piste vous aurez une petite idée de ce que vivent les pilotes.