Imaginez acheter la voiture d’un concurrent juste pour la démonter.
C’est exactement ce qu’a fait Ford avec un modèle BYD. Pas par curiosité, mais par nécessité. Ce qu’ils ont découvert a fait trembler jusqu’aux murs de Dearborn.
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Une efficience industrielle qui bouleverse les règles
Quand les équipes de Ford ont décortiqué cette BYD, ce n’est pas le design qui les a surpris. C’est tout ce qu’on ne voit pas. Chaque composant, chaque ligne de code, chaque choix industriel semble pensé pour aller vite, coûter moins, et surtout fonctionner ensemble. Le PDG Jim Farley a été clair : ce n’est pas le prix ou la qualité qui l’empêche de dormir, c’est la vitesse d’exécution. En moyenne, un constructeur occidental met plus de 5 ans pour développer une voiture. BYD ? 1,6 an. Une cadence rendue possible par une intégration verticale poussée : batteries, moteurs, logiciels, tout est fait en interne.
Un modèle chinois difficile à reproduire
Là où Ford et d’autres marques dépendent d’un écosystème de sous-traitants, BYD fabrique ses propres batteries LFP (lithium-fer-phosphate), réputées plus abordables que les cellules NMC. Résultat : moins de dépendance, moins de coûts, plus de maîtrise. Et même si ces batteries ne sont pas les plus performantes en autonomie pure, elles sont très efficaces au quotidien. Ce qui compte, ce n’est plus seulement la technologie, mais la capacité à la produire rapidement et en masse.
Une réaction en chaîne chez Ford
Face à ce constat, Ford a revu sa stratégie. Le constructeur prépare une nouvelle plateforme électrique, conçue dès le départ pour réduire les coûts. Alan Clarke, ancien de Tesla, pilote ce virage technique. Le but : proposer une voiture compacte, électrique, technologique et surtout abordable, dans les prochaines années. Farley insiste : pour rivaliser, il faut réduire la taille des usines, simplifier les chaînes de montage, et repenser les volumes. Un objectif ambitieux qui passera aussi par des choix difficiles, notamment sur les effectifs industriels.
La Chine domine déjà le marché
Le timing est serré. La Chine fabrique 70 % des véhicules électriques dans le monde. Des SUV comme le Xiaomi YU7, vendus dès 30 000 €, embarquent déjà des systèmes connectés plus fluides que ceux des Américains. Et pendant que l’Europe débat des subventions, Pékin continue de soutenir massivement ses 150 constructeurs locaux. Ford n’est pas seul à s’inquiéter. Mais la marque a le mérite de poser la question franchement : peut-on produire mieux, plus vite et moins cher… sans tout casser ?
Un virage stratégique surveillé par Wall Street
Pour l’instant, la Bourse semble apprécier la prudence de Ford. L’action a progressé depuis le début de l’année. Mais personne n’ignore que le temps presse. Sans réponse industrielle rapide, les marques occidentales risquent de perdre pied, et pas seulement en Chine. Le vrai défi, ce n’est pas la voiture en elle-même. C’est le système entier qu’il faut adapter.
Ce que vous devez retenir de la montée en puissance des constructeurs chinois…
- Ford a démonté une BYD et découvert une efficacité industrielle redoutable.
- Les constructeurs chinois développent un véhicule en 1,6 an contre 5 ans en moyenne en Occident.
- BYD fabrique ses propres batteries LFP, plus économiques et parfaitement intégrées.
- Ford prépare une nouvelle plateforme électrique abordable pour rester dans la course.
L’automobile vit une révolution industrielle. Et cette fois, ce ne sont pas les designers qui mènent la danse, ce sont les ingénieurs… et les comptables.
Images : BYD