En ce moment, Jaguar est sur un fil. La marque historique du luxe britannique traverse une période où tout peut basculer : renaissance éclatante ou disparition silencieuse.
Les chiffres sont mauvais, les ventes sont en standbye, mais derrière cette crise se cache un plan radical qui pourrait redéfinir son avenir.
Sur le même thème :
- Première mondiale dans un SUV de luxe : Range Rover a fait très fort avec ces enceintes placées directement dans le plancher
- Vous ne verrez jamais leur pub à la TV alors comment Rolls-Royce trouve ses clients grâce au plus bel endroit de France ?
Jaguar en chute libre… sur le papier
En avril 2025, Jaguar n’a vendu que 49 voitures en Europe, contre près de 2 000 un an plus tôt. C’est un effondrement inédit pour une marque qui dépassait les 180 000 ventes mondiales en 2018. La cause ? Une stratégie “big bang” : arrêter toute la gamme thermique fin 2024 pour ne revenir qu’en 2026 avec trois modèles 100 % électriques ultra-luxe. Résultat : pendant deux ans, quasiment plus aucun produit en concession.
Année | Ventes mondiales Jaguar | Évolution |
2018 | ~180 000 | — |
2024 | 26 862 | -85 % |
Avril 2025 (Europe) | 49 voitures | -97,5 % |
Une transition électrique brutale
La feuille de route repose sur la plateforme JEA (Jaguar Electrified Architecture), capable de délivrer jusqu’à 1 000 ch et 770 km d’autonomie. Premier modèle prévu : une GT 4 portes, suivie d’un SUV et d’une grande berline. En misant sur trois modèles seulement, Jaguar se place directement face à Bentley et Rolls-Royce sur un marché de niche.
Le problème, c’est que cette bascule a laissé un vide total dans la gamme. Les clients fidèles se sont tournés vers d’autres marques, et l’image sportive de Jaguar s’est diluée dans une communication plus “mode” que mécanique, notamment avec la campagne de rebranding “Project Roar” qui n’a montré… aucune voiture.
Des vents contraires sur le marché mondial
À cette transition risquée s’ajoutent des contraintes externes. Les taxes américaines sur les voitures britanniques, montées à 27,5 %, ont stoppé net les exportations vers ce marché stratégique. Un accord a depuis ramené le tarif à 10 % sur un quota annuel, mais le coup a été dur. En Chine, Jaguar a mis fin à son partenariat avec Chery, se privant du plus gros marché pour les électriques haut de gamme.
Pendant ce temps, le reste du groupe Jaguar Land Rover garde la tête hors de l’eau grâce à Range Rover, qui affiche plus de 61 000 réservations pour son modèle électrique. Ce contraste montre que l’appétit existe pour le luxe électrique britannique… à condition que le produit arrive vite.
Un changement de direction décisif
Adrian Mardell, à la tête de JLR depuis 2022, partira fin 2025. C’est P.B. Balaji, actuel directeur financier de Tata Motors, qui prendra le relais. Premier CEO indien de l’histoire de Jaguar, il arrive avec un profil d’ingénieur et une vision financière très serrée. Sa mission sera double : relancer Jaguar sans mettre en péril la santé du groupe et transformer un plan produit ultra-ambitieux en réalité commerciale.
Jaguar peut rebondir ?
La clé sera la cohérence entre l’héritage et la nouvelle vision. Si la GT électrique de 2026 parvient à combiner design iconique, performances de pointe et exclusivité assumée, Jaguar pourra créer un choc positif. Le risque, c’est de perdre définitivement son identité en essayant de séduire un nouveau public qui ne l’attend pas.
Ce que vous devez retenir de l’avenir de Jaguar…
- Jaguar vit sa plus grave crise avec une chute de ventes de plus de 97 % en Europe.
- Toute la gamme thermique a été arrêtée fin 2024, en attendant trois modèles 100 % électriques dès 2026.
- La plateforme JEA promet jusqu’à 1 000 ch et 770 km d’autonomie.
- Le succès dépendra de la capacité à reconnecter avec l’ADN Jaguar tout en séduisant le marché du luxe électrique.
Dans un an et demi, on saura si Jaguar signe l’un des plus beaux retours de l’histoire automobile ou si la légende s’arrête là
Images : © Groupe Jaguar Land Rover (JLR)