Depuis bien longtemps les fans historiques du Dakar restent sur leur faim. Plus de parcours en France au lendemain de la St Sylvestre tout au long duquel ils pouvaient, dans le froid, voir et rencontrer les équipages en route vers le grand Sud. C’est vrai qu’à l’époque, on disait « Paris Dakar ». Une aventure imaginée par le charismatique Thierry Sabine qui en a fait rêver plus d’un. Une épreuve où les pros, les amateurs et les stars du grand écran étaient « logés » à la même enseigne et parfois se donnaient la main face aux difficultés. Mais,victime de l’insécurité que font régner les groupes armés sévissant dans les pays du Maghreb, le Dakar a du s’exporter vers l’Amérique du Sud avant de regarder vers l’Arabie-Saoudite, pays où les opposants de toutes obédiences sont réduits au silence.
C’est donc de là-bas que partira l’édition 2023. Sur quinze jours au total, à savoir quatorze réelles étapes précédées d’un prologue à disputer autour du Sea Camp (voir carte ci-dessous), la première innovation dans le quotidien du rallye selon les organisateurs. S’ils connaissent depuis 2020 les bords de la mer Rouge, les concurrents ont été pour la première fois réunis pour toute la période des « vérifs » sur un bivouac XXL propice à la convivialité. Ils rentreront ensuite dès demain dans la partie réellement sportive en retrouvant les sites déjà familiers d’AlUla, de Ha’il ou de Riyadh, puis passeront surtout quatre jours dans le désert encore inexploré de l’Empty Quarter : « cette zone gigantesque où le sable est roi, en particulier sous sa forme la plus majestueuse, la dune », insiste David Castera. Le sable sera bel et bien l’ingrédient prédominant du menu dont le dessert sera également servi sur une plage, à Dammam, cette fois-ci sur les rivages du Golfe arabique.
Et de rajouter que tout au long de ce tour d’Arabie Saoudite, les champions seront appelés à se départager par la vigueur de leur pilotage sur les portions les plus roulantes, mais aussi par leurs talents de navigateurs, et encore plus que d’habitude par leur aptitude à l’endurance extrême, une étape marathon étant programmée en fin de rallye (étapes 11-12). C’est probablement au terme de cet exercice éprouvant et délicat que se dessinera de façon décisive la hiérarchie finale : entre les KTM de Kevin Benavides et Matthias Walkner, les GasGas du tenant du titre Sam Sunderland et de son équipier Dany Sanders, les Honda d’Adrien Van Beveren, Ricky Brabec ou Pablo Quintanilla, voire la Husqvarna de Skyler Howes ou la Sherco de Lorenzo Santolino. Chez les autos, il s’agira aussi de l’épreuve de vérité pour les Audi à motorisation hybride de Stéphane Peterhansel, Carlos Sainz et Mattias Ekström bien décidés à partir à l’assaut du titre que défendra Nasser Al Attiyah en chef de file des Toyota en compagnie de Yazeed Al Rajhi et Giniel De Villiers, tandis que les BRX de Sébastien Loeb, Guerlain Chicherit et Orly Terranova semblent elles aussi armées pour batailler au sommet.
L’explication entre les cadors de la discipline sera d’autant plus cruciale qu’elle lancera la deuxième saison des championnats du monde de rallye-raid, la nouvelle formule des championnats du monde ayant notamment donné lieu en 2022 à un duel à rebondissements entre Al Attiyah et Loeb, et à une démonstration de Sam Sunderland en deux-roues. Dans les autres catégories, il y aura donc aussi des positions à prendre en vue des titres 2023 pour les lauréats de l’an I que sont Kees Koolen en camion, Alexandre Giroud en quad, « Chaleco » Lopez en T3 ou le jeune Lituanien Rokias Baciuska en T4. Pour le premier acte, rendez-vous au Sea Camp dès demain
En marge de la bataille pour les titres entre les champions du rallye-raid qui se lanceront dans la deuxième saison du W2RC, les bivouacs accueilleront aussi une petite centaine de véhicules dans le cadre du Dakar Classic, la course de régularité réservée aux véhicules des années 80 et 90 et parrainée cette année par Jacky Ickx, un des vainqueurs de la grande époque.