Les moteurs thermiques devaient disparaître en Europe en 2035. C’était écrit, voté, tranché. Et pourtant, un vent de doute souffle de plus en plus fort, en Europe comme aux États-Unis.
Les constructeurs parlent ouvertement de marche arrière. Et même des figures politiques relancent le débat. Alors, la fin du thermique est-elle toujours d’actualité ou juste une date symbolique en sursis ?
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Et si les moteurs thermiques redevenaient la norme ?
C’est en Allemagne que les choses bougent le plus visiblement. BMW, Mercedes, tout un pan de l’industrie ne cache plus son scepticisme. Le patron de BMW parle carrément d’un « désastre » si l’Europe s’entête. Pourquoi une telle inquiétude ? Parce que les ventes de voitures électriques plafonnent, que l’Asie domine le jeu des batteries, et que l’industrie européenne ne peut pas suivre au même rythme sans se brûler les ailes. Chez Mercedes, on plaide pour un mélange des solutions : hybrides rechargeables, moteurs thermiques plus efficients, carburants de synthèse… Même en France chez Stellantis, Carlos Tavares avait clairement critiqué la pression des régulations européennes et le coût que ça impose aux constructeurs de se concentrer sur le 100% électrique. Ça ne les a pas empêché de produire d’excellentes voitures électriques comme la e208 ou le e3008, mais c’est l’absence de choix de motorisation pour le consommateur qui est pointée du doigt.
En revanche, Volkswagen ne s’est pas encore officiellement positionné. Ils ont engagé plus de 120 milliards d’euros dans l’électrique et pour eux, toute inflexion serait un aveu d’échec, difficile à assumer. Mais même chez VW, des signaux laissent penser qu’une diversification des technologies n’est pas totalement exclue à moyen terme.
Les États-Unis et la Chine ralentissent aussi
En 2025, l’Europe n’est plus seule à douter. Aux États-Unis, Donald Trump a annulé l’interdiction des moteurs thermiques en Californie, pourtant le plus gros marché du pays. Il justifie cette décision par la défense de l’industrie locale et la liberté de choix des consommateurs. En Chine, on observe un recentrage sur des hybrides à longue autonomie ou à prolongateur d’autonomie, qui cartonnent en ventes. Bref, l’option “100 % électrique ou rien” ne fait plus l’unanimité.
La clause de revoyure : un tournant possible
Ce que peu de gens savent, c’est qu’un mécanisme de révision est déjà prévu par l’Europe. Il doit être activé d’ici fin 2025. C’est ce qu’on appelle la clause de revoyure. Elle permet officiellement d’ajuster le cap si les conditions économiques, industrielles ou sociales changent. Et tout indique que ces conditions ont déjà évolué. La Commission européenne a même repoussé à 2027 les sanctions prévues contre les dépassements d’émissions. Un recul discret… mais peut-être révélateur.
Le tout électrique marque le pas en 2025
Sur le papier, les objectifs sont ambitieux. Mais dans les faits, les ventes de véhicules 100 % électriques stagnent, voire reculent dans plusieurs pays. En France, la croissance ralentit, et en Allemagne, les aides ont été coupées plus vite que prévu. Résultat : les acheteurs hésitent, notamment à cause du prix d’achat encore élevé et des incertitudes autour des infrastructures de recharge. Même des marchés en pointe comme la Norvège voient leur courbe se tasser. Ce coup de mou général commence à peser dans les décisions politiques et industrielles.
Le calendrier pourrait bien s’allonger
Rien n’est encore acté, mais une chose est sûre : le cap de 2035 est de plus en plus discuté. Et pas seulement dans les cercles industriels. Des experts estiment qu’il faudra rallonger le délai pour tenir compte des réalités du terrain. Les infrastructures de recharge, la production de batteries, le pouvoir d’achat… autant de points qui freinent la transition. Même chez les pro-électrique convaincus, le consensus sur la faisabilité à court terme s’effrite.
Ce que vous devez retenir de l’interdiction de la vente de thermique en 2035…
- Des constructeurs auto demandent officiellement un report ou un assouplissement de la fin du thermique prévue pour 2035.
- Les États-Unis et la Chine reviennent à des stratégies plus hybrides, moins brutales.
- Une clause de révision européenne pourrait rouvrir le débat dès fin 2025.
L’interdiction du thermique en 2035 n’est pas annulée, mais elle n’est plus une certitude. Le vrai match ne fait que commencer.
Images : © Peugeot